Isolés en plein milieu de l’océan indien, juste au dessus de l’équateur, les Chagos sont un vaste regroupement d’archipels. Ces îles oubliées sont abandonnées depuis les années 70.
Le gouvernement britannique, dernier « propriétaire » des Chagos décide dans les années 1960/70 de déporter les habitants. Un des prétextes est de transformer cet immense territoire en réserve naturelle inhabitée. Un autre est de louer très cher une partie de l’archipel à l’armée américaine qui implantera à Diego Garcia une base militaire d’importance stratégique dans la région. Certaines des opérations secrètes pour capturer Ben Laden partiront d’ailleurs d’ici.
Pour en savoir plus sur l’histoire complexe de ce territoire, cliquez ici (https://fr.wikipedia.org/wiki/Archipel_des_Chagos#).
Quelques années me furent nécessaires pour d’abord trouver un bateau capable d’aller s’aventurer dans des eaux aussi lointaines et inaccessibles, puis d’obtenir les autorisations exceptionnelles du BIOT (British Indian Ocean Territory) et enfin de former les équipes qui permettront la réalisation de ce périple.
A l’initiative de ce projet, le québécois Bruno Rodi. Un homme devenu un ami qui à lui seul symbolise la volonté et l’accomplissement. Parti de rien il devient au cours de sa vie entrepreneur millionaire sur plusieurs sociétés. Mais cela serait bien insuffisant de le décrire ainsi… Challenger sans limite, il réalise le Tour de France sans être cycliste, sans être alpiniste il gravit le plus haut sommet de chaque continent, avec son fils, pour le partage. Puis il atteignent ensemble le pôle Sud en ski et même le pôle Nord ! Ou encore l’inaccessible île Bouvet. Etc, etc…
Fédérateur, volontier déconneur et toujours enthousiaste, c’était déjà un plaisir de l’amener avec moi découvrir les mythiques Terres Australes françaises ou encore les secrètes Îles Éparses lorsque je travaillais dans les TAAF.
Et c’est ainsi qu’une amitié est née et qu’au cours d’une discussion Bruno m’a proposé de réaliser ce projet des Chagos, un véritable défi à relever mais qui a tenu son succès grâce à notre confiance réciproque.
Parvenus sur place après de longues journées de traversée à la voile, nous trouverons les vestiges passés de l’exploitation de coprah et de léproserie. Les ruines des bâtiments deviennent à leur tour des esclaves, de la nature désormais.
La flore est exubérante et envahissante bien que le relief soit à peine marqué au dessus du niveau de la mer. La faune est grouillante, notamment les énormes crabes des cocotiers qui pullulent et les nombreux oiseaux marins qui viennent nicher ici. Parmi ces derniers je savoure des retrouvailles toutes particulières avec ma sterne préférée : l’immaculée gygis alba. Pour moi, la plus élégante ambassadrice des atolls paradisiaques !
En palmes-masque-tuba dans le lagon, dans à peine 1m d’eau, une quantité phénoménale de poissons tournent autour de moi. Parmi les plus gros, poissons perroquets à bosse, requins de récifs mais aussi tortues vertes. Cela me rappelle des émotions ressenties aux îles Éparses où l’abondance de cette vie me semblait extraordinaire, alors que c’est son insuffisance réccurente qui l’est…
Malheureusement comme sur la majorité des zones littorales de la planète, l’invasion des déchets plastiques souille cet éden.
J’ai comme l’impression d’avoir été précédé par ces émissaires de notre société de consommation…